Un homme d’une vingtaine d’années, d'origine tchétchène, est en état de mort cérébrale après avoir reçu une balle dans la tête, mercredi 17 mars. Syndicat de police et élus dénoncent une escalade de la violence, à Rennes, sur fond de trafic de drogue.
C’est d’abord un homme, d’une trentaine d’années, qui se présente aux urgences de l'hôpital Sud, mardi soir. Il est blessé par balle, "au niveau de la jambe", selon le parquet de Rennes.
Et puis, le lendemain, le drame, en début d’après-midi. Un homme tire et blesse deux personnes devant supermarché Carrefour City de la rue Ferdinand de Lesseps, à Rennes.
L’une des deux victimes reçoit une balle dans la tête. Hospitalisé au CHU, l’homme, d'origine tchétchène et âgé de 22 ans, est en état de mort cérébrale.
Un assassinat en pleine rue, en pleine journée, alors qu’on a des passants, des enfants qui sont dans le quartier… On a franchi un cap, c’est clair.
Selon le parquet de Rennes, "les premiers éléments recueillis sont évocateurs de possibles règlements de comptes sur fond de trafic de stupéfiants".
"A ce titre, il peut être rappelé qu’une augmentation de ce type de faits avait été enregistrée à Rennes entre le 5 janvier et le 17 juin 2020, 10 faits ayant été relevés. Les enquêtes diligentées avaient permis l’élucidation de 8 de ces 10 faits, la mise en examen de 23 personnes et l’incarcération de 15 d’entre elles. Les faits récents de Cleunay sont les premiers enregistrés en 2021", précise Philippe Astruc, le procureur de la République.
Un trafic qui rapporte gros
Mais malgré la pression policière, le trafiquants ne manquent pas de bras pour leurs affaires.
Quand vous faites disparaître quelqu'un du marché du 'stup', vous en avez un autre qui apparaît. De toutes façons, vu le risque et les peines de prison prononcées, franchement, je ne vois pas pourquoi ils s'en priveraient. Avec ce qu'ils gagnent par jour, ils ne vont pas aller se lever le matin à 5 heures du matin pour aller chercher un emploi. Ca, c'est une réalité.
Les abords du supermarché Carrefour City, dans le quartier Cleunay, sont un point de « deal ». Avec beaucoup d’argent à la clef : « on peut y gagner de 6 000 à 15 000 euros la journée », selon une source policière.
Le mois dernier, déjà, des coups de feu avaient retenti au même endroit, sans faire de victime.
La communauté tchétchène en émoi
L'Assemblée des Tchétchènes d'Europe, basée à Strasbourg, a publié un communiqué dès mercredi soir, transmis à l'AFP.
"Une nouvelle fois notre communauté est frappée par la violence extrême des quartiers. A Rennes, dans le quartier de Cleunay, devant le Carrefour City un dealer de drogues a tiré sur les deux frères Labazanov, Souleiman et Hamzat", peut-on y lire.
"Hamzat, le plus jeune, a été touché à la tête et est actuellement à l'hôpital en état de mort cérébrale. Souleiman a reçu une blessure à la jambe", indique le communiqué.
Souleiman Labazanov est connu de la justice rennaise. En juin 2012, alors âgé de 16 ans, il avait tué à mains nues Kylian, un élève de 5ème du collège de Cleunay. Il avait été condamné à cinq ans de prison ferme pour coups mortels.
"Dans cette situation tragique, nous appelons nos compatriotes à la solidarité et l'entraide qui doit rester strictement dans le cadre légal", ajoute l'Assemblée des Tchétchènes d'Europe, qui dit remarquer "que les personnes d'origine tchétchène sont de plus en plus victimes des agressions".
Nous appelons nos compatriotes à la solidarité et l'entraide qui doit rester strictement dans le cadre légal [..] les personnes d'origine tchétchène sont de plus en plus victimes des agressions.
L’affaire devient politique
Cette fusillade crée l’émoi dans le quartier. Et chez les politiques qui craignent l’escalade.
"C’est la guerre des gangs, la guerre des territoires, que je dénonce depuis longtemps", assène Charles Compagnon, président du groupe droite et centre Libres d’agir pour Rennes, dans une vidéo publiée sur twitter.
➡Une étape franchie dans l’insécurité à Rennes: Aucune personne ne devrait se faire tirer dessus même pour un règlement de compte en plein jour à Cleunay : Rennes ce n’est peut être pas encore Chicago mais on y va tout droit ! pic.twitter.com/GTPL69LqVd
— Libres d'Agir Pour Rennes (@AgirPourRennes) March 17, 2021
Le conseiller municipal d’opposition était dans le quartier, au moment des faits.
Il y voit une confirmation d’une montée de la violence, à Rennes : " On dit souvent que j’exagère, que j’en fais des tonnes sur la sécurité. Mais voilà, on n’est pas à Marseille, pas à Chicago, mais à Rennes. À Rennes, on se fait abattre en pleine rue et en pleine journée. On peut continuer comme ça et il y en aura tous les jours, de plus en plus grave. Où on arrête maintenant et la mairie prend vraiment conscience que ce qui se passe ici, c’est extrêmement grave ".
La maire de Rennes, s’est elle aussi exprimée, par voie de communiqué.
Les auteurs doivent être arrêtés et déférés devant les tribunaux, à l'image des interpellations effectuées ces derniers mois et de la réponse judiciaire apportée après des tirs à Maurepas et au Blosne.